La consommation excessive dans notre société est une part importante du dérèglement climatique. En effet, force est de constater que celui-ci est de la responsabilité de l’Homme et les conséquences de son désir de grandeur, de sa course effrénée à la réussite et sa consommation à outrance. Les jeunes également participent à cette surconsommation sans toujours se rendre compte de l’impact de celle-ci sur le changement climatique.
Dans la société actuelle, la consommation est au centre de tout et tout est devenu produit. C’est pour cela qu’on la nomme, la société de consommation.
La jeune génération est née dans cette société. Consommer est pour les jeunes aussi habituel et fondamental que se nourrir. Les habitudes de consommation, parfois excessive, dans lesquelles ils ont grandi sont ancrées en eux. Il leur est très difficile d’imaginer un autre mode de vie que celui dans lequel tout est accessible rapidement et facilement.
Cette génération est appelée, péjorativement, la génération du « tout, tout de suite » en référence à l’importante accessibilité de tous les produits de consommation. Cependant, celle-ci a grandi comme cela et ne se rend pas toujours compte que cette rapidité de consommation n’est pas une norme universelle.
De plus, dans leur optique, la consommation rapide n’est pas un problème, c’est seulement leur style de vie depuis toujours. Une majorité des jeunes n’est pas consciente que ce système est dommageable pour la planète. Pour les jeunes, c’est une activité comme une autre. Il est donc très difficile pour eux de comprendre que ce « hobby » est mauvais pour la santé de la terre.
Dans le même temps, les jeunes sont, en majorité, préoccupés par le dérèglement climatique et ils peuvent prendre part à l’action pour diminuer l’action de l’homme sur celui-ci en limitant leur consommation ou même mieux, en consommant durablement. Mais pour cela, il faut qu’ils soient conscients de leur pouvoir d’action et qu’ils sachent comment le mettre au profit de la planète.
Dans notre secteur, il reste plus qu’essentiel de sensibiliser la jeunesse, de l’accompagner, l’outiller, la rassurer aussi… Et ce, afin d’activer la participation de tous au service d’un effort collectif d’ampleur pour sauver ce qui peut encore l’être. Cependant, afin d’opérer une évolution significative sur la problématique du changement climatique, il faudra un effort collectif et transgénérationnel.
LA CONSOMMATION DURABLE EN RÉPONSE
Le concept de consommation durable va en ce sens, en amenant chaque citoyen à faire ses achats de façon responsable, tout en prenant en considération son environnement. Le choix d’un produit ou d’un service va dès lors répondre à un besoin fondamental, tout en améliorant la qualité de vie et en réduisant au minimum l’exploitation des ressources naturelles ou de matières toxiques et polluantes. Par ce biais, il s’agit également d’amenuiser l’impact en termes de déchets produits durant le cycle de vie de ce produit ou service.
SE RÉVEILLER… ET ÉVEILLER LES CONSCIENCES ?
On le voit dans l’actualité, des voix se soulèvent, des politiques se réveillent… Mais les jeunes aussi se mobilisent ! Ces dernières années ont laissé place à une prise de conscience massive avec les marches pour le climat de la jeunesse, inquiète pour son avenir notamment ! Celle-ci qui s’est d’ailleurs amplifiée au sortir du confinement où un constat d’une évidence indéniable a démontré que l’impact carbone a ralenti sa course durant la période écoulée ! En effet, les décisions drastiques prises de façon exceptionnelle pour diminuer la propagation de la COVID ont donné raison à l’éloge de la lenteur par excellence !
Elles ont également ouvert de nouvelles portes vers la consommation locale, de proximité avec un retour aux essentiels. En effet, chaque citoyen a dû s’adapter aux circonstances, en limitant ses déplacements, en consommant différemment (avec, pour certains malheureusement, les revers des achats sur le net entre autres…) et de surcroit en prenant la mesure de ce qu’est l’effort collectif dans toute son ampleur et son humanité. Période complexe et éprouvante, ayant aussi laisser de grosses séquelles pour certains, avec la perte d’êtres proches et/ou un retour difficile dans la société active malheureusement. Avec, qui plus est, des jeunes lourdement impactés : tantôt pointés du doigt comme premiers vecteurs de contamination, tantôt livrés à eux-mêmes, isolés et démunis de tous liens sociaux et d’un parcours scolaire dit « normal » et, en outre, l’installation de la précarité financière pour certains d’entre eux… Néanmoins, force est de constater que cette pandémie a mis en lumière la capacité de résilience de chacun, la faculté de rebondir et d’agir à bien des niveaux ! Nous sommes tous capables d’opérer des changements : l’avenir est entre nos mains !
Ce pouvoir d’agir, certains jeunes l’ont déjà bien appréhendé et compris, soucieux des enjeux environnementaux et conscients des conséquences sur leur avenir à moyen terme déjà ! L’enquête menée par le Forum des Jeunes « L’éducation en question : quelle place pour l’environnement ? » révèle que 88% des jeunes interrogés se sentent concernés.
LE SECTEUR JEUNESSE FACE À LA PROBLÉMATIQUE
Qu’en est-il de nos habitudes de consommation au quotidien ? Et si renverser les « géants » de la surconsommation et de la production à outrance commençait par bousculer certaines de nos habitudes quotidiennes ?
Dans notre secteur, les actions allant en ce sens se multiplient, les projets fleurissent… et cela doit perdurer. Aller marcher dans la rue c’est très bien, mais après le soulèvement et les revendications, il faut des actes en cohérence avec les mots scandés lors de ces manifestations. Il faut également perpétuellement sensibiliser et accompagner les jeunes (mais aussi chaque citoyen) et sans cesse se renouveler, se réinventer afin d’ancrer ce qui doit l’être, et faire de chaque initiative, un rituel, une action qui progressivement va s’automatiser pour en faire une nouvelle et bonne habitude au quotidien. C’est aussi là, où nous, acteurs de jeunesse, nous pouvons mettre notre pierre à l’édifice. La plus grosse difficulté des animateurs de terrain, est d’éveiller voire même de conscientiser les jeunes sur leur propre façon de consommer, qui doit aussi être revisitée. Ils le constatent souvent : Les jeunes, malgré leur mobilisation, n’établissent pas de liens directs avec leur consommation quotidienne alors qu’elle est aussi source d’impacts et incohérente avec leur volonté de créer un monde idéal plus respectueux de l’environnement.
LES PLUS-VALUES DE LA CONSOMMATION DURABLE POUR LES JEUNES
Travailler la consommation durable avec les jeunes n’aurait que des plus-values. Tout d’abord, c’est une thématique qui les touche directement dans leur quotidien. En effet, l’utilisation des réseaux sociaux et les achats en ligne, suscitent, voire même créent des besoins, bien trop souvent non essentiels chez les jeunes (soucieux d’être toujours à la « pointe » de la technologie). Il en va de même pour la mode, les cosmétiques, les sorties ou autres…avec en plus, une tendance à la hausse de suivre les derniers influenceurs dans le vent, et qui, malheureusement, ne sont pas toujours de bons modèles ! Heureusement, certains d’entre eux se démarquent et tentent néanmoins de prodiguer des conseils de slow fashion, avec des intentions de sensibiliser à un nouveau mode de consommation ! Apprendre aux jeunes à « surfer » sur la bonne vague est aussi une de nos missions si on veut éveiller le CRACS qui est en chacun !
Par conséquent, nourrir leur capacité de réflexion et d’agir en conscience, tout en étant bien informés, se révèle aussi comme une plus-value version « premium » ! Bien entendu, il s’agira d’éveiller leur sens critique afin d’aborder des sujets parfois plus « touchy » tels que l’influence des médias et le crédit qu’on leur accorde, l’accès et la qualité des informations distillées, l’exploitation du greenwashing dans la publicité, l’influence des lobbies sur le monde politique, etc. Pour ce faire, on valorisera le partage et les rencontres avec des partenaires témoignant de leur expertise, on outillera les jeunes pour évoluer et prendre de l’autonomie, tout en affutant leur capacité à prendre du recul. De nombreux outils pédagogiques et d’intelligence collective existent et vont en ce sens afin de les accompagner dans ce cheminement.
Autre plus-value et non des moindres, celle de briser l’isolement, d’éveiller les jeunes à la force du « pouvoir collectif » et de les accompagner à identifier les richesses que chacun peut apporter dans ces nouvelles dynamiques de changement. C’est aussi l’opportunité pour les jeunes de se reconnecter au monde réel, au vivant, car on le sait, leur santé mentale doit aussi rester au cœur de nos préoccupations !
La crise sanitaire a engendré beaucoup de stress, de repli sur soi et les a marqués au fer rouge. Bien que ce malaise (voire mal-être) ait commencé avant la crise COVID, avec une prise de conscience de l’urgence climatique, celui-ci s’est amplifié durant cette période. Avant la crise sanitaire, les premières marches pour le climat faisaient naître chez les jeunes le sentiment de pouvoir changer les choses, d’agir ensemble et d’ainsi diminuer leur sentiment d’impuissance. Le confinement a malheureusement fait son œuvre : de nombreux pédopsychiatres s’accordent sur l’importance pour eux de se rassembler et penser ensemble pour se construire, mais aussi exprimer leurs émotions, leur vécu. Dans notre secteur, tels des relais, nous sommes là pour renforcer les liens entre les jeunes, les outiller et leur faire vivre des expériences permettant de faire groupe pour créer l’émulation, se réinventer et (re)prendre confiance en eux et en l’avenir, quel que soit le projet mené ! Par ce biais, l’activation de l’intelligence collective vient alors soutenir les « fondations » et permet d’explorer de nouvelles pistes créatives au service de cette cause. Tout projet peut alors s’initier, avec, pour et par les jeunes, et s’inscrire dans une démarche durable et où la citoyenneté est activée.
Soulignons néanmoins qu’ils peuvent, à leur juste mesure et à leur échelle, être acteurs à différents niveaux : personnel ou collectif. De même, chacun peut décider d’être tantôt leader, co-équipier ou incitateur. Tout est une question de sensibilité, de choix et de bon tempo.
Changer les mentalités en s’ouvrant aux autres, au monde, à la population locale, aux commerces de proximité, aller à la rencontre de personnes inspirantes afin de partager de bonnes pratiques, faire preuve d’empathie et s’entraider pour consommer mieux et plus proche de chez soi… Autant de leviers puissants à actionner !
L’ÉCO-ANXIÉTÉ CHEZ LES JEUNES
Conscients du climat anxiogène que cette crise environnementale suscite, il est primordial de rester attentif au bien-être de chacun afin de ne pas en amplifier les effets. L’éco-anxiété est malheureusement de plus en plus présente chez bon nombre de personnes et surtout chez les jeunes confrontés à la fois à un sentiment d’impuissance et la volonté d’agir dans un contexte de crises multiples bien déstabilisantes ! Selon la pédopsychiatre Sophie Maes dans son livre « Les adolescents à l’image des bouleversements du monde », on parlera plutôt d’éco-réalisme pour désigner une réaction légitime des jeunes devant une menace réelle… « L’usage de la notion d’éco-anxiété ne rend pas compte de l’origine sociétale de ce nouveau mal-être, car il donne à penser que ce sont les éco-anxieux qui présentent une pathologie et nécessitent donc des soins. Il conviendrait plutôt de parler d’éco-réalisme pour évoquer cette nouvelle souffrance collective face à la dégradation annoncée du climat… ». Ouvrir des espaces de paroles où chacun peut exprimer son ressenti est essentiel. Prévoir des temps de désamorçage afin de déculpabiliser, tout en gardant à l’esprit qu’il faut cultiver la notion de plaisir malgré les efforts et les engagements consentis pour devenir acteur de changement, etc. sont autant de points à ne pas négliger ! Cette notion de plaisir sera peut-être à réinventer : il s’agit donc également de mettre en lumière avec les jeunes notre capacité de résilience et notre créativité qui sont de loin, nos meilleures armes pour lutter contre cette crise sans précédent et rebondir !
À TOUT CE QU’IL RESTE ENCORE À VENIR…
À la lecture de ces lignes, faut-il encore se poser la question de l’importance et de la pertinence de travailler cette thématique avec les jeunes ? Bien sûr que non ! Afin de devenir acteur de changement, il s’agit de poser des fondations solides pour comprendre ces enjeux et pouvoir agir en conscience « éclairée ». Ainsi, pour une réponse sociale de grande ampleur : il faut de l’information, de la mobilisation et des actions concrètes, accessibles à tous et toutes pour : croire en l’avenir, avancer sereinement (tant que possible), s’entraider et générer une dynamique d’engagement au niveau collectif, mais aussi individuel… et sauver ce qui peut encore l’être ! Alors à vos startingblocks : préparez-vous en amont et mettez en exergue des méthodologies permettant d’insuffler des projets inspirants, créatifs et porteurs de sens, que les jeunes co-construiront et porteront pleinement avec vous, pour ensuite devenir les « éco-conso-ambassadeurs » de demain !